Alconfeccionar : au cœur des entreprises de production sociale

Sur la route qui mène à l’entreprise Aluminium del Caroni (ALCASA), une gigantesque pancarte semble indiquer le chemin. De noir sur fond blanc, l’inscription interpelle les passants et rappelle aux nombreux ouvriers de cette zone industrielle la réalité de leur lutte : « Demande à un peuple qui produit…et tu sauras où l’on va ».

Cette indication s’est fait une réalité depuis le changement de direction à ALCASA en novembre 2004 et la véritable orientation socialiste d’autogestion ouvrière, assumé depuis. Cela a ouvert la voie à la floraison de multiples Entreprises de Production Social (EPS) sous la tutelle de cette entreprise publique. Les EPS constituent la structure du nouveau modèle productif proposé par l’Exécutif pour le pays. Selon les propres mots du présidents Chavez, les EPS sont des « entités économiques dont la fin est la production de biens ou de services et ou le travail a une signification propre, non aliéné, où il n’existe pas de discrimination sociale, et où n’existent pas dans le travail de privilèges associés à la position hiérarchique. Ces entités économique (…) peuvent relever du régime de propriété étatique, propriété collective, ou un mélange des deux. » (1)

La plupart de ces entreprises sont dans les faits des entreprises de transformations ou prestataire de service reliées à des industries publiques de matières premières. Dans le sud-ouest du Venezuela, bassin énergétique et minier du pays, on compte pas moins de 270 EPS sous la tutelle des différentes industries basiques qui composent la Corporation Vénézuélienne de Guyane (CVG), entreprise publique décentralisée dépendant du Ministère de l’Industrie Basique et Minière (MIBAM).

Dans les locaux de la CVG-ALCASA se trouvent diverses EPS. Parmi elles, l’entreprise de production sociale de textile Alconfeccionar. Comme nous le dit !!!!, « Alconfeccionar est né il y a trois ans de la volonté d’Alcasa d’offrir un travail aux personnes sans emploi. » Ces personnes sans emploi se sont organisées sur le mode de la coopérative que la CVG-Alcasa a soutenu en tant qu’entreprise publique promotrice. De fait, les matières premières et le débouché commercial, mais aussi l’assistance technique et le conseil juridique furent fournis par cette entreprise matrice.

En ce sens, Alcasa les a appuyées dans la recherche des fonds nécessaires pour acheter les machines : « quelles garanties peuvent offrir des chômeuses? Une voiture, et même pas en bon état…Alcasa ne nous a pas donné d’argent mais est intervenu et a appuyé notre demande au Fond de Production Social. » Ainsi cette aventure productive pouvait commencer. Les associées d’Alconfeccionar bénéficient aussi d’un contrat de 500 chemises hebdomadaires que leur demande Alcasa et qui leur permet de dégager de bénéfices.

Les avantages non négligeables qui sont offerts aux EPS par l’entreprise publique de tutelle auxquelles elles sont rattachées impliquent aussi certains principes qui font de ces entreprises de production sociale un véritable modèle alternatif d’économie sociale. En plus de la solidarité et l’équité qui soutient les rapports de production, 10% des bénéfices annuels sont investit directement au sein de la communauté. Comme nous le signalent les travailleuses d’Alconfeccionar : « Dans la communauté, il y avait tout un groupe d’enfant qui ne participait pas aux activités sportives faute de ressources suffisantes. Alors nous nous sommes dis que nous allions nous occuper de ces enfants. Nous qui avions de l’argent avec nos 10% de bénéfices, nous leur avons payés des chaussures, cousu des maillots, et nous avons même créer un club de football qui s’appellent « les enfants de la rue ». Et maintenant, ils participent à plein de match et gagnent des tournois. Si tu voyais l’importance qu’a le maillot pour ces enfants, tu pleurerais. »

Ainsi, la dispense d’Impôts faite à ces micro-entreprises trouvent sa contrepartie de distribution sociale à travers ces 10% annuels de bénéfices reversés à la communauté pour le bien-être commun. « Ces 10%, nous dit Carlos, doivent être remis de manière publique, si possible par la presse. Pour que la communauté puisse voir que l’Entreprise de Production Sociale Alconfeccionar remplit son devoir social. »

La volonté de coopération et de transparence affiché par les travailleuses rend compte de l’objectif de ces nouvelles unités productives, influer sur le changement de la structure économique, et créer la base sur laquelle reposera le Socialisme du XXIe siècle.

Note:

(1) Alo Presidente n°241, 27 novembre 2005. Cité par Haiman El Troudi et Juan Carlos Monedero, Empresas de Producción Social. Instrumento para el Socialismo del siglo XXI. Caracas : Centro Internacional Miranda, coll. Debates, p. 91.